PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT
Bien que chaque individu soit différent dans ces modes de fonctionnement, la personne atypique vit ses caractéristiques hauts potentiels au quotidien. Du moment qu’elle ignore en quoi elle est différente, le récit qu’elle se fait de sa vie peut s’enliser de la « plus belle manière ».
Pourquoi nous sommes-nous intéressés spécifiquement au développement moteur de l’enfant à HP ?
Car les spécificités de ce fonctionnement neurologique ne se cantonnent pas seulement à la sphère cognitive. « Le développement du cerveau se spécialise à travers l’organisation des capacités fonctionnelles qui rendent possible la construction du moi: organisation de nos expériences émotionnelles, des centres sensori-moteurs, des centres perceptifs et d’analyse….. « [1]
Habiter son corps ?
Nous nous sommes interrogés sur les paramètres qui permettent à la personne à HP d’habiter son corps, de le fréquenter comme un allié ou un ennemi, en présence ou en absence de lui-même
Comment, dans les jeux d’interactions multiples, autant à l’interne de lui-même qu’avec ses différents environnements, l’enfant va-t-il pouvoir se ressentir dans une continuité ou au contraire se trouver en discontinuité?
Ces éléments ne sont pas uniquement réservés aux personnes à HP, ils sont cependant exacerbés par la réactivité du système nerveux spécifique au fonctionnement HP.
C’est dans les interactions vécues autant à l’interne qu’avec les environnements que se trouvent certainement les éléments provoquant l’instabilité psychomotrice et la fragilité émotionnelle que présentent certains enfants à HP, et ceci en plus des facteurs plus spécifiquement psychologiques.
Dans notre pratique clinique, nous avons été amenés à rencontrer des enfants à HP qui vivaient bien leur sensibilité et d’autres qui, au contraire, présentaient des signes d’instabilité psychomotrice ainsi qu’une émotivité dévoilant un système à fleur de peau extrêmement irritable.
Il est communément admis aujourd’hui que les personnes à HP ont une avance dans leur développement neuro-moteur. Dès la naissance l’enfant parait « éveillé », ses capacités sensori-motrices et oculomotrices sont efficaces, rendant son œil si « accrocheur, si vif ». D’une façon générale, le bébé marque une avance sur tous les plans : neuro-moteur, posturo-moteur, locomoteur, de l’appréhension visuo-manuelle ainsi que sur le plan du langage et de la parole. Le bébé dont le corps possède une sensorialité très développée est demandeur d’expériences diverses, curieux de tout et va chercher à investir ses potentialités tous azimuts.
[1] Ph. Scialom; F.Giromini, J.-M. Albaret, (Sous la direction de) Manuel d’enseignement de psychomotricité. Bruxelle, De Boeck-Solal, 2ème tirage 2012. P.86