Evitement, replis, troubles de l’attachement

par | Août 22, 2020

Dans ma pratique clinique, j’ai fait la douloureuse expérience de croiser le chemin d’enfants tellement malmenés que cela m’a obligé à aller chercher des solutions. Grâce à eux, je me suis tournée vers le Dr Chicoine qui proposait une formation sur les troubles de l’attachement.

Ce fut une révélation, au delà des enfants que je suivais, les stratégies présentées me faisaient penser de manière récurrente à des attitudes observées chez des enfants présentant un fonctionnement hauts potentiels.

Ce fut le début de toute une réflexion autour des stratégies mise en place chez les personnes à HP qui, inexorablement, m’a entrainée vers le monde de la corporalité.

« Personne ne peut forcer ou manipuler un enfant présentant des difficultés d’attachement à créer un lien avec un adulte. La seule chose qui peut être faite est de fournir les conditions où les plus résitants et les plus perturbés, vont, après des années de distance, se sentir assez en confiance dans le milieu pour se permettre de risquer à nouveau de s’engager avec un adulte »

Paul Steinhauer, 1999

Ce qui m’est resté de cette formation, ce sont trois termes « magiques »

SUMO – SOLO – VELCRO

Bien que ces mots expriment remarquablement le fonctionnement de beaucoup de personnes à HP, qu’elles soient enfants, adultes, ou personnes d’âge mur, nous sommes souvent loin d’un « vrai trouble » de l’attachement qui lui est lié à de grave carence affective entrainant des troubles réactionnels poignant.

Dans le cadre d’un fonctionnement à HP,

c’est davantage la méconnaissance de ces aptitudes particulières qui génèrent des attitudes dysfonctionnelles. On parlera plutôt d’attachement sécurisé ou insécurisé (évitant, ambivalent-résistant, désorganisé-désorienté). Dès que les réponses parentales deviennent adéquates, la majeure partie des problèmes se résolvent. Cela n’empêche pas le fait qu’il faille apprendre à vivre avec l’écart que génère le fonctionnement atypique. Tout un programme pour certain.

Dans le monde du HP, la question des représentations est au coeur des processus, la maturation de celles-ci étant augmentée par l’ampleur des connexions, d’où une maturation cognitive augmentée.

Les représentations parentales d’être un bon père et une bonne mère mettant souvent un grosse pression sur le système.

Si le parent souffre d’insécurité, cela peut mettre à mal toute une partie du système

Les caractéristiques d’un parent sécurisant

  • Accessible
  • Disponible
  • Sensible
  • Répondant
  • Prévisible

Ce qui amène une sécurité relationnelle pour l’enfant.

Du coté du nouveau-né et de l’enfant

Il est doté de compétences interactives précoces, ce qui lui permet de « survivre » en :

  • Déclenchant l’envie du parent de s’occuper de lui
  • Eveillant la capacité d’attention chez l’autre par des pleurs, cris, sons

Il est capable

  • De faire appel à de l’aide
  • De s’intéresser au monde qui l’entoure
  • De comprendre que, quand il appelle, il reçoit une réponse.

Débute alors tout un jeu d’interaction entre le bébé et son parent, ce qui va permettre la fabrication de représentations chez le bébé.

Des représentations corporelles, émotionnelles (mouvements), psychiques.

Dès la naissance, le nouveau-né entre en interaction avec les personnes de son environnement. Cela répond à un besoin fondamental de relation sociales pour survivre psychologiquement et physiquement. C’est la relation avec l’autre qui est d’emblée privilégiée. Le parent regarde le bébé, le bébé regarde le parent, il y a une mutualité de l’attention.

Les recherches montre que les bébés préfèrent d’emblée les contacts et sons humains. Regarder une personne plus qu’un objet, les yeux plutôt qu’une autre partie du visage. Ils regardent les personnes qui les regardent…Lorsque qu’une personne pointe quelque chose, le bébé, le jeune enfant comprend qu’il ne s’agit pas seulement d’une direction donnée, mais d’un sens relationnel qui est pointé, un désir de partager une expérience.

Rapidement il y a une construction de sens partagé.

Il y a des facteurs de vulnérabilité d’un coté comme de l’autre. Dans tout désordre, c’est l’ensemble du système qui mérite qu’on lui porte attention. Le fonctionnement hauts potentiels en est un, partagé par les deux partis la plupart du temps, ce qui complexifie la tâche lors des prises en charge.

Quand vous avez le sensation que quelque chose ne joue pas dans vos relations au monde, ou que votre enfant présente des difficultés relationnelles, il est intéressant de vous poser quelques questions.

Quand mon enfant, ou moi-même, ressens du stress, de la peur, de la douleur ou de la nouveauté comment :

  • L’enfant ou mon enfant intérieur (analyse transactionnelle) régule ses émotions
    • Moyens d’auto-consolation ?
    • Comment exprime-t’il (elle) ses émotions ?
    • Recherche-t’il (elle) de l’aide ?
  • Le parent que vous êtes, pour vous ou pour votre enfant, aide-t’il son enfant ou son enfant intérieur à réguler ses émotions ?
    • Comment arrivez-vous à réguler vos propres émotions ?

A mon sens, tout travail de compréhension d’une attitude passe par l’obervation de celle-ci. On ne peut avoir d’action sur quelques choses d’inconnu… une fois quelle est observée, elle peut être analysée puis traitée en fonction de ce qui a été observé.

A savoir que les interactions sont de trois ordres :

Comportementales : Interactions corporelles, visuelles, vocales…
Affectives : Climats émotionnels, relationnels…
Fantasmatiques : Imaginaire et fantasmes parentaux, c’est-à-dire la représentation mentale qu’ils ont de ce qui devraient être….

 

Les représentations parentales donnent sens à l’interaction comportementale.